C’est officiel, le monde de la musique est saturé : toutes les mélodies et suites d’accords imaginables ont été déposées sous le régime du droit d’auteur voie-lactéen. En d’autres termes, plus personne ne peut rien sortir de nouveau dans la Voie lactée. Tout est déjà pris !
Le monde de la musique voyait l’échéance se rapprocher inéluctablement. Les pauvres compositeurs avaient déjà depuis plusieurs décennies de plus en plus de mal à produire des compositions correctes qui ne soient déjà enregistrées à la Sgacem (Société Galactique des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique). Puis est venu le temps où la notion de composition correcte n’était même plus la question : si c’était disponible, on déposait, point.
Le dernier morceau déposé
« Si y’a plus que çà, y’a plus que çà. »
Hier à précisément 15h25, le groupe de musique alternative J’encule les robot-taxis déposait la fameuse dernière chanson officiellement déposable. L’ironie du sort a voulu que celle-ci s’intitule J’ai plus qu’çà à foutre. Évidemment, cette chanson est plus que jamais soumise à l’air du temps puisqu’elle est totalement dysharmonique. En effet, la tendance à la dysharmonie en vigueur depuis plus d’un siècle n’est en fait que la conséquence directe de la saturation dont nous parlons. Lomastus Alterbis, le leader du groupe nous explique : « Boah pff, c’est pas tellement ce qu’on voulait faire mais bon, si y’a plus que çà, y’a plus que çà. »
Quel futur pour la musique voie-lactéenne ?
Comme c’est déjà quasiment le cas à l’heure actuelle, seules les compilations de morceaux déjà existant occuperont les cases des « nouvelles sorties ». Rien de bien réjouissant.
« À un moment j’ai pété dans un micro. Les machines l’ont détecté comme un accord de ré mineur là où il ne fallait pas. »
En ce qui concerne les concerts, la situation est encore plus navrante. Les musiciens n’osent plus jouer sur scène, car à la moindre fausse note ils jouent bien sûr le morceau d’un autre. Les machines détectrices de droits d’auteurs bafoués signalent alors automatiquement le délit aux auteurs et aux maisons de sons concernés. Le musicien Lymango Lomem nous raconte : « Je jouais un de mes morceaux lors d’un concert, et à un moment j’ai pété dans un micro. Les machines l’ont détecté comme un accord de ré mineur là où il ne fallait pas. Résultat : je me suis pris 12 procès dans la gueule parce que ça correspondait au morceau d’un autre artiste. Franchement, où va-t-on ? »
La musique voie-lactéenne est en train de suffoquer. Les P.U.S.S. ainsi que les autres systèmes planétaires de la galaxie doivent doivent absolument prendre la licorne par le thorax, sous peine de voir la jeunesse se révolter, et ce partout dans la galaxie.